Critique : Child of Light
Critiques vidéoludiques –Oculi Rift
Cette critique a initialement été publiée sur SensCritique en novembre 2018. J'ai décidé de publier les meilleures critiques que j'avais posté à cette époque – comme celle-ci – sur mon site perso. Je n'ai pas modifié le fond, seule la forme a été modifiée (images, sauts de lignes, titres...)
Nous sommes au printemps 2014 quand Ubisoft, principalement connu pour ses jeux blockbusters et ses triple A (c'est d'ailleurs quelques semaines plus tard que sortira Watch_Dogs), sort un peu de la routine en décidant de publier Child of Light, un petit jeu que certains seraient tentés d'appeler un jeu indépendant, tant le format y est ressemblant.
Child of Light est un petit jeu sympathique, peuplé de personnages à qui parler, d'une quête principale et de petites quêtes annexes, beaucoup d'ennemis à affronter dans un système de combat en tour par tour... le gameplay est donc clairement proche de celui d'un RPG. Mais au-delà du RPG générique, le jeu a quelques particularités qui le rendent intéressant.
Nous incarnons une fille nommée Aurora dans un monde fantastique qui est ma foi plutôt joli. Le coup de crayon porté à l'environnement est agréable, et a tendance à nous rappeler les illustrations d'un livre : cela s'explique par le fait que l'histoire entière nous est présentée comme étant sortie d'un livre de contes, ce qui est un format plutôt original. Quant à la musique, elle est plutôt mignonne et se suffit à elle-même, mais son point fort se situe dans les grands combats où elle s'emballe et nous donne une impression épique.
Après avoir fait connaissance avec les personnages et écouté (ou lu, en l'occurence) leurs premières paroles, on remarque vite quelque chose : l'intégralité des textes dans le jeu sont écrits en vers, jusque dans les menus et les intitulés de quêtes. Cela est en accord avec l'aspect « roman » de l'histoire... et c'est quelque chose de vraiment original ! Je me suis surpris à quelques moments à essayer de « chanter » les répliques des personnages.
Cependant, l'écriture en vers a également un effet pervers. En effet, elle rend les personnages beaucoup moins spontanés et naturels, et a tendance à énormément inhiber l'émotion qu'ils pourraient nous transmettre. C'est d'autant plus problématique que les personnages n'ont pas de voix ou même d'animations élaborées... la seule chose que l'on a d'eux, c'est ce qu'il disent. On aura donc vraiment du mal à s'attacher à eux... ce qui, pour moi, a eu du mal à me motiver pour faire progresser Aurora dans son périple.
La plupart des RPG adoptent un système de combat en temps réel, ou un système de combat en tour-par-tour. Dans Child of Light, nous avons un mélange des deux : il s'agit d'un système en tour par tour, mais où chaque attaque ou action différente va prendre un certain temps pour être lancée, puis un autre temps pour se recharger. Si Child of Light n'est pas le premier à avoir inventé ce système (il est notamment apparu dans certains Final Fantasy sous le nom Active Time Battle), cela reste un système vraiment original, qui de plus est bien maîtrisé ! En effet, passé un certain stade du jeu, on ne pourra clairement plus se permettre de lancer n'importe quelle attaque sur n'importe quel ennemi, il faudra élaborer des stratégies.
Le système d'oculi (des runes ayant différents pouvoirs à placer sur les personnages) est également très bon et permet de faire des tactiques très variées, bien qu'on puisse parfois se perdre avec le nombre de possibilités qu'il apporte ; la même remarque s'applique aux compétences (qu'on peut déverouiller quand on gagne de l'XP).
Nous pouvons combattre avec plusieurs personnages, qui ont chacun leurs propres attaques et spécialisations. Cependant, il y a selon moi un peu trop de personnages, et certains ne servent pas à grand chose ou font doublon avec un autre (comme le deuxième clown, ou la naïade). Cela fait qu'ils resteront souvent non utilisés... dommage.
Child of Light, malgré les (très) bonnes idées qu'il apporte, a encore quelques autres défauts. Même si, comme je viens de l'expliquer, le système de combat est très bon, il devient assez vite lourd : il y a en effet énormément d'ennemis dans le jeu, et à chaque fois qu'on en touche un, on rentre dans le même genre de combat... encore et encore, si vite qu'au bout d'un moment on s'en lassera et on appuyera précipitamment sur « fuite » lorsqu'on touchera un ennemi par inadvertance.
Également, un autre défaut qui m'a un peu gêné est que j'ai eu un peu de mal à me réperer sur la carte. Les zones sont marquées de manière plutôt étrange, et à l'intérieur des zones (notamment la forêt), beaucoup d'endroits se ressemblent (d'autant plus que le point de vue est assez centré sur Aurora, ce qui rend difficile la vision des alentours).
Malgré cela, Child of Light reste un jeu qui vaut le coup d'être tenté, car la forme du jeu assez originale et ses détails nous donnent un peu de fraîcheur, là où beaucoup de jeux se ressemblent sur leur forme. En particulier, la narration du jeu sous forme de conte - bien qu'elle paraisse un peu artificielle - est un détail qui lui donne son caractère.
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